NOM(S) Shurley. Le nom de mon père. Si changer de nom ne revenait pas à renier la totalité de ma famille, croyez-moi que je l’aurais fait. Seulement, même si mon paternel est un abruti fini, ce n’est pas le cas du reste de notre tribu. PRÉNOM(S) Declan. J’aime assez. AGE Je soufflerai ma vingt-sixième bougie dans quelques mois. DATE ET LIEU DE NAISSANCE Je suis né ici à Spring Garden, le quatre juillet 1989. NATIONALITÉ(S) ET ORIGINE(S) Je suis un américain pure-souche. RÉSIDENT(E) DE SPRING GARDEN DEPUIS Peu. Je suis né et j’ai grandi ici, mais j’ai eu la bonne idée de provoquer mon paternel qui m’a foutu à la porte. C’était il y a cinq ans. J’ai vécu à Atlanta jusqu’à ce que maman m’appelle pour me demander de rentrer à la maison, histoire de dire adieu à ce qui me sert de père. SITUATION AMOUREUSE Je suis célibataire. Faut dire que j’ai le don de faire capoter mes relations. ORIENTATION SEXUELLE J’aime les hommes. C’est un fait. C’est ainsi. MÉTIER OU ETUDES Je suis ingénieur en informatique, je fais de la programmation. J’ai aussi ouvert un petit business en ville pour assurer une aide à domicile pour ceux qui auraient des soucis d’ordinateur. SITUATION FINANCIÈRE Plutôt aisée. Je gagne relativement bien ma vie, et je ne suis pas un très gros dépensier. GROUPE Hanging up my travelin’ shoes.

Assis depuis plus d’une heure sur un banc devant l’église de la ville, Declan ne pouvait détacher son regard de ce grand édifice qu’il avait toujours détesté. Contrairement à ce que l’on pouvait croire, son retour à Spring Garden n’avait rien à voir avec la maladie de son père. Certes, sa mère l’avait supplié de rentrer à la maison pour mettre les choses à plat avec son paternel avant qu’il ne parte vers l’au-delà - ou plutôt les enfers, si vous voulez l’opinion de Declan - mais soyons honnêtes… ce coup de fil, ça faisait des années qu’il l’attendait. Declan ne s’était jamais senti chez lui ici, et par conséquent, avait toujours voulu quitter la ville. Lorsque Thomas Shurley l’avait finalement mis à la porte, cinq auparavant, il avait eu ce qu’il voulait. Malheureusement, ce n’était pas vraiment ce qu’il avait prévu. Son aîné, Destiel, lui en avait terriblement voulu. Declan, lui qui voulait toujours tenir tête à tout le monde, s’était lâchement laissé écraser et avait accepté sa sentence sans broncher. Il avait pris son sac et avait quitté Spring Garden. Se faisant, il avait totalement perdu contact avec son frère dont il était pourtant si proche. « Shurley ? » Une voix le fit sursauter et le sortit de sa contemplation de l’église. « C’est pas vrai ! Declan Shurley, de retour ? » aboya un jeune homme blond âgé d’une vingtaine d’années. Jonah ? Nan, pas possible ! Declan se leva et serra rapidement la main qu’on lui tendait. Maintenant qu’il avait été repéré en ville, il savait qu’il ne faudrait pas bien longtemps pour sa famille apprenne la nouvelle. « Ça fait un bail, mec! » s’exclama Jonah avec un immense sourire. « Cinq ans. » lui répondit Declan, sans vraiment afficher une quelconque émotion. Il n’était pas spécialement content de retrouver ce gars-là, mais d’un autre côté, il se disait qu’il fallait bien commencer quelque part… alors autant que ce soit en bas de la pile. « Cinq ans. » répéta le blondinet, songeur. « Tu sais que si Wyatt te croise, t’es un homme mort ? » ajouta-t-il en s’asseyant sur le banc. Declan s’immobilisa quelques secondes en entendant Jonah prononcer ce nom, puis il se posa à côté de cette vieille connaissance. Un sourire presque malsain apparu sur ses lèvres. Il n’était en ville que depuis quelques heures que la liste de personnes voulant sa peau commençait déjà à s’allonger. Thomas, Destiel, et maintenant Wyatt. Des trois, Wyatt était sans doute celui qui avait le plus de raisons d’en vouloir à Declan. Tout comme Destiel, il avait vécu son départ comme un abandon, mais pire encore, il avait vu son monde s’écrouler, à cause des décisions que Deck avait prises pour lui. Il avait décidé de sortir du placard, d’avouer son homosexualité au monde - et surtout à son père - mais pour se faire, Declan avait embarqué Wyatt avec lui. Thomas Shurley, très religieux et conservateur, avait foutu son fils à la rue, et avait bien sûr crié sur tous les toits quelle injustice lui avait été faite. Comment l’un de ses fils, à lui, le preux servant de Dieu qu’il était, pouvait-il être homosexuel, un péché à lui-même ? Bien évidemment, la nouvelle avait alors fait le tour de la ville, créant pour Wyatt une montagne de problèmes. Il n’était pas prêt, et Declan l’avait exposé. Mais dans le fond, si Wyatt lui en voulait tant, ce n’était pas parce qu’il avait osé le dévoiler au monde, non. C’était avant tout car en une soirée, il avait perdu son anonymat, il s’était fait largué par l’homme de sa vie et qu’en plus celui-ci s’était tiré sans un au revoir. Declan Shurley, le connard.

❝ Connard, je ne sais pas, mais lâcheur et égoïste, ça c’est sûr. Ce soir-là, je n’ai clairement pensé qu’à moi, et honnêtement je le regrette. Je l’ai regretté à la minute où j’ai franchi le seuil de la demeure familiale, malheureusement il était déjà trop tard pour faire marche arrière, sans compter que je ne me serais jamais excusé pour mes actes, j’étais bien trop fier pour ça. Et comme l’a dit la voix off, j’ai perdu mon frère, mon mec… et ma vie, au final. Tout ça parce que j’avais bu un verre de trop. L’alcool ne me réussissait pas, j’le savais et pourtant… pourtant je me suis torché la gueule, j’ai humilié mon père, j’ai sorti Wyatt de son placard à ballets à coup de pieds dans le cul, et j’ai abandonné ma fratrie. J’ai abandonné Destiel. Je crois d’ailleurs qu’il ne me pardonnera jamais d’être parti comme ça. Il a raison, je ne mérite pas son pardon. Sauf que c’est mon frère, mon meilleur ami… je ne peux pas rester les bras croisés à ne rien faire alors qu’il me déteste. Heureusement, il n’y a que lui chez les Shurley auprès de qui je doive me rattraper - Thomas ne compte pas. Les autres, le reste de la tribu, ne semblent pas trop m’en vouloir… sauf peut-être Dylan. M’enfin ce n’est pas la plus rancunière donc ça devrait aller. Quant à Wyatt… je ne suis pas sûr de vouloir le revoir. Je pense que j’ai surtout peur de l’affronter. Je ne sais pas comment les choses vont se goupiller, l’avenir nous le dira. En attendant, me voilà de retour à Spring Garden après avoir passé cinq ans à Atlanta. Home, sweet home. ❞