La robe elle est trop grande pour moi, vraiment trop grande, mais elle est tellement belle que j'ai pas pu résister à l'envie de la mettre. C'est une longue robe bleu avec des perles dessus et du tissus qui glisse sous les doigts. Papa l'avait rangée dans les valises du grenier et moi je trouve ça un peu bête de cacher une aussi belle robe dans le grenier. Normalement, j'ai pas vraiment le droit de monter ici, papa dit qu'il y a des objets dangereux et que c'est pour ça que j'ai pas le droit d'y aller. Mais moi j'ai rien vu de dangereux. Et puis dans la cuisine aussi il y a des objets dangereux, comme les couteaux ou les casseroles sur le feu et pourtant j'ai le droit d'y aller. Il faut juste faire attention. Mais le grenier je crois que c'est différent. Ils disent que c'est parce que c'est dangereux mais je sais que c'est pas vraiment pour ça. Il y a plein d'affaires ici, des affaires même pas vieilles des fois, des robes, des chaussures, des bijoux, des livres, mais personne ne monte jamais pour les prendre. C'est comme un sorte de trésor caché. J'aime bien les trésors moi. C'est pour ça que je suis venue. Pour regarder. Dean, il a pas voulu venir avec moi. Il dit que le grenier c'est hors limite et que je vais avoir des problèmes. Mais c'était trop tentant, tant pis pour les problèmes. Et puis j'ai trouvé la robe bleu alors je regrette pas. J'aimerais bien être assez grande pour qu'elle soit à ma taille, mais c'est une robe pour adulte et moi j'ai que huit ans alors forcément elle est trop grande, j'espère que je pourrais la porter quand j'aurais l'âge d'Aspen, et qu'elle m'ira mieux que maintenant. J'ai aussi mis des chaussures à hauts talons qui vont bien avec mais j'arrive pas vraiment à marcher quand je les porte. Pas tant à cause des talons que de la pointure d'ailleurs. Autour du cou j'ai un collier en argent et j'ai mis du rouge à lèvre que j'ai trouvé dans une boite. Il y a un grand miroir dans un coin de la pièce et je me regarde dedans. J'ai fait une petite tache sur la robe à cause du rouge à lèvre. Rien de bien grave, je suis sûr que ça partira si je frotte avec de l'eau dessus. J'ai un peu l'impression d'être une princesse. Pas que j'aime vraiment les princesses, je préfère les chevaliers avec leur épée, mais c'est jolie quand même. Je suis entrain de me regarder quand j'entends la porte s'ouvrir derrière moi. Je me retourne, un grand sourire au lèvre, pour voir mon père qui se tient dans l'entrée de la pièce. « T'as vu comme je suis jolie papa ? » Il me regarde sans vraiment avoir l'air de comprendre ce que je lui dis, il a juste la bouche ouverte, un peu comme un poisson. Peut-être qu'il m'a pas entendu. « Hein papa ? Je suis jolie hein ? » Il finit par fermer la bouche. Et ses sourcils se froncent. Sa bouche, elle prend le plie bizarre de quand il est en colère. Dean avait peut-être raison : Je vais avoir des problèmes. En deux enjambées, mon père arrive à ma hauteur et m'attrape le bras. « Qu'est ce que tu fais là Sam ? Tu n'as pas le droit de monter au grenier ! Tu le sais pourtant ! » Il me fait mal au bras et puis il me crie dessus alors moi aussi je fronce les sourcils et je tire pour lui faire lâcher prise. « Pourquoi ? Pourquoi j'ai pas le droit de monter ? » Moi aussi je peux crier. Et même plus fort que lui si je veux. On me laisse jamais rien faire moi. C'est pas juste ! C'est même pas dangereux dans le grenier et je me suis même pas blessée, j'ai bien fait attention alors pourquoi j'aurais pas le droit de venir ici si je veux ? Mais il répond pas papa, il répond jamais. « Enlèves ça tout de suite. C'est à ta mère. » et il commence à m'enlever la robe et le collier. Mais moi je l'aime bien la robe, je veux pas l'enlever, je veux la prendre et la mettre dans ma chambre. « Arrêtes ! C'est pas comme si je lui avais volée, elle va plus la porter sa robe ! » La baffe part sans prévenir. Ma joue me brûle, ça fait mal. Et pour une fois je ne trouve plus rien à dire. Je porte la main à ma joue comme pour apaiser la douleur, j'ai les larmes au bord des yeux. Papa regarde sa main, sans vraiment avoir l'air de comprendre. Et on reste là tous les deux avec la bouche ouverte et l'air d'étrange poisson.

J'entends les autres qui crient autour de moi. Ils nous entourent, se pressent en un cercle de corps et de voix. Je sais même pas ce qu'ils crient. S'ils m'encouragent moi ou elle. Dans le fond je m'en fous. Je m'en fous de tout. J'ai juste la rage au creux du ventre et la colère dans les prunelles. J'ai juste mes poings dans sa gueule, les siens dans l'estomac. Je sens même pas la douleur. Je sens jamais la douleur. J'essuie d'un geste rageur le sang qui perle de ma lèvre et me précipite vers elle, la cueillant  dans mon élan et la projetant au sol. Nos deux corps percutent la terre, sa tête rebondi sous le choc et je me retrouve à la surplomber à califourchon sur son ventre. Je bloque ses bras avec mes genoux et la maintiens au sol, mes deux mains plaquées sur ses épaules. Elle a beau se débattre, elle a aucune chance. Mon poing s'élève et vient cogner sa mâchoire, lui arrachant un râle de douleur. Je lui crache à la gueule. Et bordel on a l'impression que j'ai la rage, j'ai presque la bave au lèvre et tout ce qui va avec. Mais elle l'a cherché cette salope ! Elle a cru quoi ? Qu'elle pouvait venir et m'insulter sans que rien ne se passe ? Elle sait pas à qui elle a à faire putain ! Qu'on perde le match c'est une chose. Ça ne me met généralement pas de très bonne humeur, j'ai les nerfs à fleur de peau et envie de péter un truc pour me soulager mais j'ai appris à refréner. Mais qu'on vient se foutre de ma gueule ? Qu'on vienne étaler sa victoire juste à mes pieds ? Qu'on vienne m'insulter ? Faudrait voir à pas jouer avec le feu. Parce que je suis pas une sainte et que j'ai jamais prétendu l'être. Je sens son corps qui s'agite sous mon poids mais il y a aucune chance qu'elle s'échappe maintenant. « C'est qui la sous merde maintenant hein ? » Faut croire que j'ai pas tapé assez fort parce qu'elle arrive à répondre malgré le sang qui coule de son nez. «  Je vais te défoncer connasse ! » Je peux pas m'empêcher de rire. Je soulève son buste du sol pour la plaquer de nouveau violemment contre lui, lui provocant une quinte de toux. « Ah ouais et tu comptes faire ça avant ou après qu'j't'ai pétée les dents ? » Et les autres continuent de crier et de vibrer à côté de nous. Mais ils m'arrêteront pas. C'est entre elle et moi. Ils sont autant à être de mon côté que du sien. Personne ne se risquera à intervenir. Elle l'a cherché. Je le sais. Ils le savaient. Tout le monde le sait. Si elle voulait pas se faire défoncer la gueule, elle avait pas qu'à l'ouvrir. C'est trop tard maintenant. « Arrêtes ! » j'entends à peine la voix qui vient de s'élever au dessus des autres. J'men cogne. J'les écoute pas. C'est pour ça que je ne la reconnais pas tout de suite. « Sam ! Arrêtes putain ! Arrêtes ! » Et un corps vient briser le cercle qui nous entoure pour se placer à mes côtés et attraper mon poings avant qu'il ne s'abatte une nouvelle fois sur le visage de mon adversaire. Je tourne la tête avec colère, prête à envoyer chier la personne qui tente de s'interposer. Mais non. Je croise son regard et toute la rage, toute la frustration, qui hurle en moi semble disparaître. Dean. Le visage soucieux. Le front plissé, les yeux inquiets, la bouche crispée. Je laisse mon bras retomber et me lève, laissant l'autre connasse ramper un peu plus loin. Je lui jette un dernier regard puis suit Dean qui tente de m'emmener hors du groupe. « C'est ça casse toi connasse ! » A croire qu'il y en a qui savent jamais quand s'arrêter. Sa voix a à peine atteint mes tympans que je me retourne prête à bondir mais Dean me retient, m'attrapant à la taille et me tirant vers lui. « Laisses tomber Sam, elle en vaut pas la peine. » Je me débat un instant avant de l'écouter et de la laisser là, inutile sur le sol. Mon frère m'entraîne à l'écart, sa main glissée dans la mienne. Et je le laisse faire, laissant toute ma colère au milieu du cercle dans notre dos. Les autres, ils ne comptent déjà plus.

On entre dans la pièce et les regards se posent sur nous. Les regards se posent toujours sur nous. Sur elle surtout. Faut dire qu'elle aime ça, qu'elle en demande de l'admiration, de la convoitise, du désir. Elle est belle Charlie. Pas comme une poupée Barbie ou une princesse de pacotille. Non Charlie, elle est belle de cette beauté un peu sauvage que les autres rêvent de mettre en cache. Être celui qui la domptera, celui qui lui fera ranger les crocs. Mais ce mec là est pas encore né et ça me fait marrer de les voir essayer. Elle en joue Charlie. Toujours. Elle les laisse approcher comme des insectes vers la lumière. Elle leur offre des sourires, des moqueries et des éclats de rire. Parfois, à certain, elle offre même un peu plus que ça. Mais jamais pour très longtemps. Elle finit toujours par repartir et eux reviennent la voir espérant plus encore et encore. Mais elle ne leur appartiendra jamais. Moi aussi on me regarde. Mais ici, où tout le monde connaît tout le monde, on sait qu'il vaut mieux tenter Charlie. Parce que là où elle rayonne moi je fais un peu peur. J'ai pas ses sourires, ni son apparente gentillesse. Moi je mords et ils le savent. On se dirige d'un même pas vers le bar, fendant la foule, ignorant le monde. On commande un whisky coca chacune et on s'en va rejoindre le petit groupe qui nous attend un peu plus loin. On s'assoit parmi eux, prenant place comme si l'espace nous appartenait, et ils nous laissent faire, habitués sans doute à nos allures de diva. Faut dire que c'est toujours un peu la même chose par ici, on sort plus souvent qu'à notre tour, on boit, on danse, on parle, toujours les même gens, toujours les mêmes habitudes. Les conversations fusent dans tous les sens, on en attrape au passage, en laisse d'autre s'envoler. Dean est à ma droite et je me lance avec lui dans un jeu à la con, essayant d'envoyer un pièce voler dans son verre. Du coin de l’œil je vois Charlie qui s'éloigne un peu pour aller parler à un mec que je ne connais que de vu et qui ne m'intéresse pas le moins du monde. Elle joue avec ses cheveux, sourit, rit, et je sais que sous ses airs affables elle s'amuse à lui lancer des piques. Je me désintéresse d'elle pour me reconcentrer sur Dean, elle reviendra quand elle voudra revenir. Du coin de l’œil, je vois Selina qui s'avance vers nous et je ne peux pas m'empêcher d'afficher un rictus qui disparaît avant que quiconque ne le remarque. Elle salut la foule et je l'ignore superbement en espérant qu'elle aille s'asseoir à l'autre bout du groupe. Mais bien sûr c'est Dean qu'elle vient voir. Et je lève les yeux au ciel en signe d'exaspération. Et lui bien sur lui sourit et lui propose de se joindre au jeu. NOTRE jeu. Je tente de garder bonne figure mais déjà cela ne m'intéresse plus. Je lance la pièce une fois, deux fois, puis laisse tomber, les plantant là tous les deux. Et tous les autres. Je m'en vais trouver Charlie et son bellâtre qui ne semble plus vraiment la divertir autant qu'elle le voudrait. Elle me voit avancer dans sa direction et un sourire vient fleurir sur son visage. Je viens me caler à ses côtés sans que son compagnon du moment ne daigne m'adresse plus qu'un regard, bien trop occupé qu'il est à essayer de charmer Charlie. Mais elle n'a plus d'yeux que pour moi. « Ouais, ouais, super, c'est cool... » Elle lui lâche ça de tout son dédain accompagné d'un vague signe de la main. « Sam t'entends ce que j'entends ? » Ses yeux pétillent de bonheur. Je tends l'oreille pour percevoir au dessus du bruit des conversations la musique qui sort de enceintes.  Et je reconnais le son. Je laisse échapper un éclat de rire et lui attrape la main pour l'entraîner derrière moi. C'est notre musique. On fait place autour de nous, forçant les gens à s'écarter et on commence à danser comme des possédées. Et voilà que le mec de tout à l'heure nous rejoint, essayant de se glisser entre moi et Charlie, lui attrapant la hanche, tentant une danse collé-serré. Elle se retourne vers lui avec fureur et le repousse du plat de la main. « Tu fais quoi là ? Casses-toi mec ! » Il la regarde sans comprendre. Et je ris de plus belle. Et Charlie déjà ne s'occupe plus de lui. C'est notre danse, notre moment. Juste nous deux. Les autres peuvent bien disparaître, ça ne nous fait ni chaud ni froid. Charlie elle ne sera jamais à eux.

Assise dans l'herbe je regarde la chèvre qui me fait face concentrée à manger ce qui l'entoure. Je passe une main sur son dos, enlevant quelques brindilles qui y traînent et sort de ma poche une pomme avant de la lui tendre sur la paume de ma main. « Allez ma belle, je l'ai ramenée spécialement pour toi. » Son adorable petite tête se relève et elle vient sentir la friandise que je lui ai apportée. En deux coups de dent la pomme disparaît et j'essuie mes doigts dans l'herbe pour en enlever la bave que pâquerette y a déposé. Faut croire qu'elle était à son goût. En même temps, je lui ai ramenée du fruit de compétition, tout droit sortie du vergé, garantie sans pesticide et de première qualité. J'entends dans mon dos la porte de la maison qui s'ouvre mais ne prends pas la peine de me retourner. Pâquerette s'est approchée de moi et commence à essayer de fouiller dans mon sac. Je laisse échapper un éclat de rire et repousse délicatement sa tête de mes affaires, attrapant au passage une nouvelle pomme dans mon sac et la lui donnant un peu plus loin. « Qu'est ce que tu fous White ? » Je frotte distraitement mes paumes sur mon jean avant de me lever, de jeter mon sac sur mon épaule et d'enfin faire face à Destiel qui me regarde en fronçant les sourcils. « Je donne des pots de vin à ta chèvre. » Son regard va de pâquerette à moi pour repartir vers la pomme, puis vers la chèvre. S'il continue comme ça, il va finir par se faire un torticolis ce débile. « Pourquoi tu donnes des pots de vin à ma chèvre ? » Je lui offre un sourire et un haussement de sourcil explicite avant de le contourner et de me diriger vers l'entrée de la maison. Destiel se retourne pour me suivre du regard avant de se précipiter vers sa chèvre et la prendre dans ses bras. « Qu'est ce qu'elle t'a proposée la méchante White hein ?! Elle veut te retourner contre moi c'est ça ?! Faut pas l'écouter ma Pâquerette, elle est fourbe. Je te donnerais plein de pomme aussi, t'inquiètes pas ! » Adossée contre l'embrasure de la porte, je regarde la scène amusée. Que ce mec est con. La chèvre, elle ignore complément cette chose accrochée à son dos et continue de brouter l'herbe devant elle. Comme quoi même elle a compris que le mieux à faire avec Destiel c'était de faire comme s'il n'était pas là. « Laisses tomber Shurley, elle m'aime plus que toi. » Et sans attendre sa réponse je rentre dans la maison. Je sais exactement la tête qu'il va tirer de toute manière. Il va prendre sa mine outrée, la bouche ouverte et les sourcils froncés, ce mec finira ridé avant l'âge que voulez-vous. Je m'affale sur le canapé en attendant qu'il me suive, prenant mes aises comme si j'étais chez moi. Faut dire que je passe pas mal de temps ici en ce moment et puis qui est-ce que je risque de choquer ? Lui ? Laissez moi rire. Il finit par apparaître devant moi, les poings sur les hanches avant d'agiter son doigt devant mon nez. « Ne t'avises jamais de prétendre que pâquerette t'aime plus que moi ! Jamais ! » Je lève un regard blasé vers lui. « fais toi une raison, mec. » Et avant qu'il puisse monter sur ses grands chevaux de nouveau je lui jette dans les mains un DVD que j'ai ramené avec moi. Qu'on ne m'accuse pas de favoritisme, je pense à tout le monde : pomme pour pâquerette, DVD pour l'abruti. Il rattrape difficilement l'objet que je viens de lui lancer à la gueule – faut dire qu'il a jamais été très doué de ses mains le pauvre garçon – et regarde la jaquette. « Pour information, je te rappelle que c'est toi qui voulais le voir, si jamais tu flippes, compte pas sur moi pour te tenir la main. » Destiel vient s'écraser sur le canapé à ma droite, suffisamment près pour que son visage se retrouve inconfortablement proche du mien pendant qu'il me regarde. Pas comme s'il manquait de place pourtant mais bon. Je ne bouge pas d'un millimètre et lui rend son regard. « Je ne flippe jamais moi, madame ! » J'éclate de rire avant de lui ébouriffer les cheveux comme à un gamin de quatre ans. « Ouais c'est ça. J'ai regardé projet blair whitch avec toi, si t'avais pu te cacher derrière moi ? Tu l'aurais fait ! Au lieu de dire de la merde va donc mettre le DVD en route. » Je ponctue ma phrase en lui donnant une légère tape sur le crâne et il s’exécute en râlant. « Ah puis tiens tant que t'es debout, t'irais bien nous chercher à boire non ? » « Dans tes rêves White. » Ce mec est définitivement une plaie. Pourrait être aimable parfois !

Confortablement installée dans le canapé de ma sœur, je laisse mes doigts pianoter sur mon portable. Shurley voulait que je passe lui apporter le jeu dont je lui ai parlé, mais il devra attendre parce qu'aujourd'hui j'ai d'autre chose de prévu. Comme tous les mercredis soirs vous me direz. Mais espérer que cet abruti s'en souvienne, serait trop lui demander. Oui parce que le mercredi c'est repas avec les frangins. Aspen laisse les gamins à Tyler, Dean et moi, on lâche nos potes et tout le monde se retrouve chez Reese. Il n'y a qu'elle qui habite seule et son appartement est bien assez grand pour nous accueillir tous les trois. Je sais plus exactement de quand ça date cette habitude. Sûrement de l'époque où Reese est partie de la ferme pour s'installer de son côté. Notre façon à nous de rester proche les uns des autres. Ça et le dimanche midi avec toute la famille. Mais les mercredis, c'est juste nous quatre. Pour l'heure Dean est encore à son entraînement mais il ne devrait pas tarder. Je me lève d'un mouvement souple du canapé et me dirige vers la cuisine où mes deux sœurs sont entrain de discuter. « Je sais pas Reese, je suis pas convaincue. » Je me juche à genoux sur le tabouret du bar et vole un bout de pain qui traîne. « D'qu'v'parlez ? » La bouche pleine, je mange la moitié des mots et mes sœurs me regardent sans comprendre. Je prends le temps d'avaler avant de reformuler ma question. « De quoi vous parlez ? » Je vois Reese jeter un regarde en coin à Aspen pendant que celle-ci toussote discrètement. J'hausse un sourcil surprise. Ok. Très bien. J'ai pas du tout l'impression qu'elles sont  entrain de me cacher quelque chose. « Vous êtes au courant que j'ai plus six ans hein ? Donc à part si vous me préparez un anniversaire surprise, je pense que vous pouvez me mettre dans la confidence non ? » Elles échangent de nouveau un regard et Aspen finit enfin par se tourner vers moi, prête à me dévoiler les tenants et aboutissants de l'histoire. « C'est à propos de la ferme... » elle fait une pause et pour ma part, je commence à trouver le suspense un peu long. Est-ce qu'on va enfin me dire de quoi il retourne ou est-ce qu'on essaye de me faire mourir d'ennui avant ? Je lui fait un signe pressant de la tête pour l'inciter à continuer. « La mairie à prévue de s'approprier le terrain, Papa et vous risquez de vous retrouver expulsés. » Je la regarde en écarquillant les yeux. Hein ?! Elle est sérieuse là ? Ils peuvent vraiment faire ça ? Nous foutre à la porte ? Je les regarde tour à tour abasourdie. Et puis depuis quand elles savent ça, elles ? Pourquoi on nous dit jamais rien à nous ? C'est bon on est plus des gamins, on peut être tenu informé quand ce genre de catastrophe arrive ! « ça date de quand cette histoire ? Putain mais c'est mort on peut pas les laisser faire ça ! Y a forcément un truc qu'on peut faire non ? » Je commence à être sacrément remontée. Faut dire que j'ai tendance à partir au quart de tour. Si je n'écoutais que moi je serais déjà devant le maire entrain de l'insulter au moment où je vous parle. Mais je me doute que c'est pas la solution. « J'ai appeler Izzy pour qu'elle vienne nous aider et... »  « QUOI ?! » Je ne laisse pas à Reese le temps de finir sa phrase. J'en avait déjà trop entendu à "J'ai appelé Izzy" Je peux savoir ce qu'elle vient faire dans l'histoire celle-là ? Vingts ans qu'elle a foutu le camp et maintenant il faudrait qu'on aille quémander son aide ? Sérieusement ? Je sais bien que la situation est compliquée mais il doit y avoir une autre solution. Je peux pas croire que l'autre soit notre dernier espoir. Et puis je doute que papa soit plus ravie que moi de demander de l'aide à sa fille aînée. « Sam, elle est avocate, elle peut... » « Elle peut que dal ! J'veux pas d'elle ici. » « Arrêtes Sam ! Te demandes pas pourquoi on te dit jamais rien si t'es pas capable d'écouter les autres. » Je me tourne vers Aspen, furieuse. A parce que c'est ma faute maintenant ? Je veux pas de l'autre à Spring Garden c'est tout. Et je suis sûr que papa me soutiendra sur ce coup là. On trouvera une autre solution, point barre. Si elles sont prêtes à pardonner, tant mieux pour elles, mais moi je veux pas en entendre parler d'Izabella. Je descends de mon siège de fortune et attrape ma veste d'un geste rageur. « J'me casse. » « Sam, attends ! » J'ai pas envie d'écouter, pas envie de savoir. J'écoute Aspen d'habitude mais pas cette fois. J'ouvre la porte en grand et me retrouve face à mon frère qui me regarde sans comprendre. Je le dépasse sans m'arrêter. « Je rentre » lâche juste, en le dépassant. Je le sens qui se tourne vers moi puis vers mes sœurs qui l'ont rejoint à la porte mais je ne me retourne pas. Les filles auront tout le loisir de lui expliquer. Finalement je crois bien que je vais aller voir Destiel moi.