Je suis née le 14 aout 1980 à Cincinnati, dans l’Ohio, trois ans après ma sœur, Elyanna. Mes parents, voulaient à la base, s’arrêter à un enfant. Mais lorsque ma mère est tombée enceinte de moi, ils ont pris la décision de me garder. De toute façon, ma mère était catégoriquement contre l’avortement. S’était inconcevable pour elle de se « débarrasser » d’un bébé comme ça. Je ne suis pas issue d’un milieu riche, ni pauvre. Je suis issue d’un milieu modeste. Mon père travaillait en tant que commercial dans une grande entreprise, tandis que ma mère était vendeuse dans une boutique de prêt-à-porter. Avec ma sœur, on a toujours eu d’assez bon rapport. Evidemment, il y a eu des accrochages mais les relations parfaites entre sœurs n’existent pas. Je savais que je pouvais compter sur elle, quoi qu’il arrive. On se l’ai toujours dit : c’est nous contre le monde et rien, ni personne ne pourra changer ça. J’ai toujours pris exemple sur elle. Quand elle faisait une bêtise, s’était sûre que dans les secondes qui suivaient j’allais faire la même.

A l’école, je suis l’élève exemplaire. J’ai de bonnes notes, je ne parle pas trop en classe. Je fais toujours mes devoirs. Je ne pose pas de problème d’un point de vue scolaire. Seulement, j’ai sept ans lorsque mes parents décident de divorcer. Je les entendais souvent se disputer, dans ma chambre. Je ne comprenais pas. Ma sœur a essayé de me protéger de ce genre de chose mais elle avait aussi peur que moi. Durant cette période, je me suis un peu renfermée sur moi. Je continuais de parler à mes amis mais je n’avais pas le même sourire. Je continuais d’avoir de bonnes notes mais je n’avais pas la même envie réussir. Je voulais simplement que mes parents arrêtent de se disputer. Puis ils nous ont annoncé clairement qu’ils allaient divorcer. A l’époque, je ne comprenais pas ce que cela signifiait. Ma sœur a essayé de m’expliquer qu’on verra l’un de nos deux parents une semaine sur deux. Moi, je ne voulais pas. C’est aussi à partir de ce moment-là que mes parents ont fait un concours pour savoir qui irait chez qui. Après un an et demi de procédure, le juge a décidé qu’on irait vivre avec notre mère. On ne verrait pas aussi souvent notre père mais on serait au moins ensemble.

L’entrée au collège se fait difficilement. Ma mère a finalement retrouvé un autre homme, que je ne supporte pas. On a plus eu de nouvelles de notre père depuis le divorce. Juste un billet caché dans une enveloppe pour les anniversaires, quand il ne les oublie pas. Ma mère a l’air heureuse avec ce nouvel homme mais moi je refuse de l’appeler « papa ». Je lui fais bien comprendre que c’est loin de me plaire. Je vais même jusqu’à lui promettre, que je ne ferais jamais quelque chose de ce genre à mon enfant. On passe notre temps à se disputer. Tout est sujet de dispute. J’ai fait une crise d’adolescence, un peu plus poussé que ma sœur. Je dis haut et fort ce que je pense, je me rebelle, je sèche les cours. Je veux simplement voir mon père et lui dire qu’il me manque. Quant à ma sœur, elle accepte notre beau-père. Elle en veut simplement à notre père de ne pas donner de nouvelles. Avec elle aussi, la moindre petite chose insignifiante est synonyme de dispute. Mes notes sont en chute libre. Je fais partis de ces gens qui disent se moquer royalement de leur avenir.

Au lycée, je me calme un peu. Déjà, parce que ma mère avait voulu me mettre dans un établissement privé, histoire de me canaliser. L’idée ne me plaît évidemment pas, mais je n’ai pas vraiment le choix. Rapidement, j’entre dans le groupe des filles populaires. Mais je ne suis pas le genre de fille qui enchaîne les soirées, les garçons et tout ce qui s’ensuit. Mes notes remontent un peu. J’ai de meilleures appréciations. Les matières scientifiques étant mes matières favorites, je décide de m’orienter dans une filière scientifique. Cette même année, je rencontre Josh. On sympathise rapidement et finit par être en couple. A l’époque, je pensais être amoureuse de lui parce que il avait l’air différent. J’avais l’impression de compter aux yeux de quelqu’un. Avant l’obtention de nos diplôme, on avait même choisis nos université ensembles. On avait postulé pour l’université de Montgomery en Alabama, pour l’université de Colombia à New-York et une dernière qui se situait à Boston. Il a été accepté à Colombia et moi à Montgomery.

Chacun a fait sa rentrée dans son université. On pensait vraiment que notre relation a distance pourrait tenir. Seulement, on était à plus de mille kilomètres l’un de l’autre et il fallait bien se rendre compte que notre idylle était complètement impossible. Après trois ans passés ensemble, dont une année à distance, j’ai finis par rompre. Il ne voulait pas mais je lui ai démontré par a+b que lui et moi s’était tout simplement pas possible. A ce moment-là, je me suis rendu compte que je n’étais pas vraiment amoureuse de lui. Oui, j’étais attachée à lui parce que trois ans passés ensemble, c’est pas rien. Mais le monde ne s’est pas arrêter de tourner. Je continuais de lui parler mais Je savais qu’on ne se reverrait jamais. Quelques temps plus tard, j’ai finis par rencontrer Brooks. On était dans la même université. Ma sœur me disait qu’avec lui ça ne marcherait pas. Elle voulait surtout me protéger d’une déception amoureuse. Mais je ne l’ai pas écouté. Je n’ai jamais écouté personne d’autre que moi, de toute façon. J’ai aussi réussi à lui montrer qu’elle avait tort : Brooks m’a demandé en mariage et je suis même tombée enceinte de lui. On a fini par déménager à Spring Garden, histoire d’avoir notre chez nous.

Deux ans de vie parfaite. Bien sûr, des disputes pouvaient de temps en temps exploser comme dans tous les couples. On a un fils, du nom de Freddie pour qui je donnerais ma vie. Seulement, la vie n’offre pas de cadeaux. Jamais. Après deux ans, Brooks a disparu. Et là, s’était le moment d’expliquer à Freddie que son père ne reviendra jamais. Comment peut-on dire à un enfant de deux ans, qui n’a rien demandé, qu’il ne reverra plus jamais son père ? On ne peut simplement pas. Ma sœur a été là pour moi. Pour nous. Moi, s’était simplement mon monde qui venait de s’effondrer et pourtant, je devais continuer de me battre pour mon fils. Le monde ne s’est pas arrêté de tourner. J’essayais de ne pas pleurer devant lui. Dès qu’il me parlait de son père, j’essayais de répondre à ses questions. J’ai finis par enlever mon alliance. Non pas parce que je voulais passer à autre chose. Je l’ai accroché à une chaine que j’ai toujours sur moi. Je n’ai jamais cherché à passer à autre chose. S’était lui et pas un autre.

Suite à cet évènement, j’ai décidé de déménager. Je suis restée à Spring Garden, je n’ai pas vendu la maison, je l’ai simplement louée. S’était notre maison à lui et moi mais je ne me voyais pas y vivre sans lui. J’ai opté pour un appartement assez spacieux en centre-ville. Ca fait maintenant plus de sept ans et demis que j’y habite avec mon fils. Je crois que je ne me suis jamais vraiment remise de la disparition de Brooks. En réalité, il m’arrive même parfois de vouloir remonter en arrière, juste pour profiter de lui une dernière fois. Il me manque. J’ai trente-quatre ans, un fils de dix ans, un appartement spacieux, un job qui me plaît. Mais au final, tout ça sans Brooks, ça rime complètement à rien. Il m’arrive encore de pleurer. Ma sœur essai de me changer les idées, elle veut que je passe à autre chose parce que selon elle c’est la seule chose à faire. Mais comment passer à autre chose quand on ne cessera jamais d’aimer quelqu’un ? Comment passer à autre chose quand notre fils de dix ans nous rappelle tellement l’homme qu’on a aimé ? Avec un peu de bonne volonté, je pourrais tourner la page. Mais je crois que je n’en ai simplement pas envie. C’est lui et pas un autre. A la vie, à la mort.