when you got a good thing

Habituellement, Anniston aurait quitté le Spring Good après le service de midi et serait directement rentrée chez elle pour se poser sur son canapé et ne plus en bouger jusqu'à ce que ce soit nécessaire. Mais depuis quelques jours, les choses avaient changé. Beaucoup de choses avaient changé et la belle blonde ignorait encore si c'était en bien ou en mal. En réalité, elle n'y pensait même pas, elle profitait de chaque instant, de chaque heure, de chaque minute, de chaque seconde qui lui était offerte par la vie d'être avec l'homme dont elle était folle amoureuse. Mettre son passé derrière soi était une chose, mettre des sentiments forts tel que l'amour s'en était une autre bien différente. Si James n'était pas revenu, y serait-elle arrivée? Anniston n'aurait jamais la réponse à cette question (et c'était tant mieux non?). James avait trouvé un appartement dans la même rue qu'elle, la belle cuisinière décida de passer chez elle et troquer la tenue qu'elle avait pour une autre et surtout se débarrasser de cette odeur de graillon qui s'y était attaché. C'était probablement la première fois depuis six mois, Anniston DeSautel se faisait coquette, faisant attention à son apparence. Jusque là, elle n'en avait pas eu besoin, mais elle voulait plaire à son compagnon. Si elle suivait une analyse auprès d'un psy, il lui dirait probablement qu'elle enfilait une tenue de combat pour convaincre cet homme de la choisir elle et non pas cette épouse qui l'attendait dans un autre état. Quatre ans qu'elle était cette "autre femme"... Ca avait été une des raisons pour laquelle elle avait quitté la Nouvelle Orléans, ne plus porter ce titre qui colle à la peau, qui fait se sentir inférieur, faible et qui donne l'impression de ne pas mériter mieux. Mais Anni méritait mieux, et elle espérait que James pourrait lui donner enfin ça. Elle quitta son appartement, habillée d'un jeans qui épousait ses formes, d'un haut blanc ajouré et elle avait pris soin de laisser ses cheveux détachés. Les boucles que James aimait tant n'étaient pas là aujourd'hui, mais Anni savait que le simple fait qu'elle ne les attache pas lui plairait. Elle avait fait quelques courses sur le chemin du retour pour qu'elle puisse lui cuisiner un petit plat ce soir qu'ils dégusteraient ensemble. Depuis l'épisode au café, où James lui avait annoncé son divorce et qu'ils s'étaient embrassés dans la rue... Il fallait avouer, ils avaient fait bien plus que ça en arrivant chez lui... Ils se voyaient pratiquement tous les jours même si ce n'était que quelques minutes ou quelques heures. Il venait au restaurant, ils repartaient ensemble, chez elle ou chez lui. Ils passaient la nuit ensemble, enlacés, amoureux comme auparavant. Aujourd'hui ne dérogerait pas à la règle. Anni était déjà devant la porte. Elle le savait à l'appartement et tenta sa chance en tournant la poignée. La porte était ouverte. "James?"  Faisant un peu comme chez elle, puisqu'elle venait pratiquement un soir sur deux ici. Anniston referma la porte derrière elle doucement. Il n'y avait personne dans la pièce principale. La jeune femme se dirigea en cuisine pour poser le sac de courses sur le comptoir. "J'ai apporté de quoi diner." s'écria-t-elle. James était peut-être sous la douche ce qui expliquerait pourquoi il n'était pas encore venu l'accueillir de ses bras et de ses baisers. Son coeur et son corps se réchauffaient à cette simple pensée. Elle retira sa veste qu'elle accrocha au porte manteau mural de l'entrée, avant de décider de rejoindre la chambre. La belle blonde s'arrêta net. Une valise sur le lit, ouverte et à moitié pleine, les portes du placard ouvertes elles aussi, où des cintres vides pendaient. Son regard se tourna immédiatement vers la porte de la salle de bain où la lumière était allumée et d'où sortait en même temps James avec une trousse de toilette. "Qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu fais?" Son coeur battait la chamade. Anniston savait très bien ce qu'il était entrain de faire... Voulait-elle réellement l'entendre de sa voix. Immobile, elle craignait plus que jamais la réponse qui se profilait.

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Vous parlez d’une tuile. Dire qu’il était justement en train de remettre sa vie personnelle sur des rails, qu’il avait retrouvé Anniston et surtout réussi à décrocher une seconde chance avec elle, voilà que sa vie professionnelle faisait des siennes. Ou plutôt son éditeur commençait sérieusement à l'emmerder. C’était bien sa veine ça. L’éditrice avec qui il travaillait depuis des années, avec qui il avait établi une relation de confiance venait d’avoir un grave accident de voiture. James avait été désolé de l’apprendre, il avait même fait envoyer des fleurs, et la maison d’édition lui avait appris quelques jours plus tard que son éditrice serait remplacée le temps de sa convalescence, ce qui pourrait durer plusieurs mois. Jusque là pas de problème, il s’en fichait pas mal tant qu’on lui fichait la paix. Sauf que le remplaçant était un véritable emmerdeur, qui avait fixé sans voir avec lui une date de sortie de son prochain livre et organisé dans le même temps une petite tournée promotionnelle. C’était un exercice auquel il se pliait volontiers, mais en l’occurrence ce n’était pas le bon moment, et son livre était loin d’être terminé. Et vu que l’autre ne semblait pas l’écouter au téléphone, il allait devoir se déplacer. Ajouté à cela son père qui avait fait un infarctus dans la nuit, pris à temps, fort heureusement, il n’avait pas d’autre choix que de faire sa valise et rentrer temporairement en Louisiane. Il avait passé les dernières heures au téléphone avec sa sœur, et son avocat l’avait aussi appelé au sujet du divorce. Bref, tout lui tombait brutalement dessus sans prévenir. Il n’avait d’ailleurs pas eu le temps d’appeler Anniston, et ne l’aurait de toute manière pas dérangée pendant le coup de feu. Il avait prévu de passer la voir avant de partir pour lui expliquer la situation. L’idée de la laisser là maintenant ne l’enchantait vraiment pas. Mais si lui pouvait se déplacer facilement, elle avait trouvé un job ici, et il ne pouvait pas lui demander de tout planter à cause de lui.

Ses gestes étaient précipités, à tel point qu’il avait fait tomber la trousse de toilette qu’il était en train de remplir au sol dans un grand fracas. Et tout le contenu s’était éparpillé partout. Pestant contre lui-même, mais aussi contre les éléments qui semblaient s’acharner, il ramassa et rangea le tout rapidement. En sortant de la salle de bain, James eut un sursaut quand il vit Anniston sur le pas de la porte de la chambre. Il ne l’avait pas entendue arriver. « Oh Annie, je ne t’ai pas entendue entrer. » Avant d’aller déposer son fardeau dans la valise, il la rejoignit en quelques enjambée et glissa un baiser furtif sur ses lèvres. Il s’en retourna ensuite à sa valise, alors qu’elle semblait confuse. James lâcha un soupir en rangeant la trousse de toilette et se passa avec fatigue une main sur le front. « Je dois rentrer quelques jours. » répondit-il à sa question. « J’ai pas eu le temps de t’appeler ce matin. Je dois régler certaines choses avec mon éditeur, et comme cet imbécile ne m’écoute pas quand je l’appelle, je vais régler ça en personne. » Il soupira une nouvelle fois en vérifiant le contenu de la valise. « Mon père a aussi fait un infarctus cette nuit. Il va bien mais il est à l’hôpital pour quelques temps, et il doit se ménager. Je vais donner un coup de main à ma mère quelques jours, Lauren prendra le relais ensuite. » Il se tourna vers elle, qui n’avait toujours pas bougé, et sourit en s’approchant. « Fait pas cette tête, je reviens dans quelques jours. » A présent face à elle, il glissa ses mains sur ses hanches et lui offrit une mou désolée. « Tout m’est tombé dessus ce matin, j’ai passé mon temps au téléphone. Je comptais passer te voir avant de partir. » Etait-ce vraiment la bonne chose à dire ?

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Il ne fallait pas être débile. Une valise, une armoire vide, James avec une trousse de toilette dans les mains. Il partait. Il quittait Spring Garden. Il quittait l'Alabama. Il ne fallait pas non plus avoir fait de longues études pour savoir qu'il retournait en Louisiane, qu'il retournait à La Nouvelle-Orléans. Qu'il allait la retrouver. Bien sur, parce que comme lui avait dit sa mère lors de leur dernière conversation, un homme infidèle retourne toujours auprès de sa femme. Mais Anniston avait été assez idiote pour croire qu'elle avait de la chance avec James... Anna était immobile. Elle ne réagit même pas au baiser furtif qu'il était venu déposer sur ses lèvres. Anna était restée de marbre, les yeux fixes, les bras le long du corps comme une statue qui ne ressent rien. "Tu dois rentrer..." Répéta-t-elle. Seule ses lèvres avaient décidé de bouger. Il était retourné auprès de sa maudite valise pour finir de ranger sa maudite trousse. Il devait rentrer. Obligation... Mais qui l'obligeait? Elle connaissait assez James pour savoir qu'on ne l'obligeait jamais à rien, qu'il était maître de ses décisions... Enfin... Pas quand ça concernait sa chère et tendre épouse. "Ton éditeur..." Répéta-t-elle encore, ne croyant absolument pas à cette histoire. Surtout qu'elle savait pertinemment que son éditeur était une éditrice. Pour qui la prenait-il? Une idiote? James se retourna enfin après un soupire. Ca devait être fatiguant de s'occuper d'une valise... Anniston ne bougeait pas, elle avait gardé la même position, comme si le temps s'était arrêté au moment où elle avait vu cette maudite valise et ce maudit placard vide. James souriait, après avoir raconté que son père avait fait un infarctus et qu'il allait aider sa mère quelques jours. "Quelques jours..." Les mots faisaient écho, comme un son très lointain. Elle, elle ne bougeait toujours pas. Pourtant, elle n'avait qu'une envie, s'approcher de lui et le gifler aussi fort qu'elle le pouvait. Son envie de le frapper grandissait à chaque pas qu'il faisait vers elle. Cette envie s'accentua quand il posa ses mains sur ses hanches. Elle maudissait ce contact. Ce genre de contact qui lui faisait perdre ses moyens, qui la rendait faible. Non, elle ne devait pas céder, elle devait lui tenir tête. La mou sur son visage vu de trop. Posant ses mains à plat sur l'abdomen de son amant, elle le repoussa, un regard noir dans ses yeux. "Prends moi donc pour une conne, James." Comment avait-elle pu être aussi faible? Anniston avait fondu à chaque déclaration d'amour comme aux premiers jours. Faible, amoureuse, idiote. Voilà ce qu'elle était. "Elle a sorti quelle carte de son jeu cette fois?" Demanda-t-elle sèchement. Si James croyait qu'elle allait croire à ses mensonges. Il repartait pour Hope. C'était évident. Qui ne lui disait pas que pendant quatre ans, il avait inventé cette femme déséquilibrée, instable qu'il n'aimait plus? Peut-être qu'elle était une femme superbe, intelligente, attentionnée avec qui il couchait encore. Elle n'avait jamais eu de preuves de tout ça. Si tout ça se révélait vrai, la belle blonde serait tombée bien bas... "Je sais même pas pourquoi je continue à te parler. Retourne donc avec elle, vas!" Elle l'abandonna dans la chambre, où ils avaient passé les plus belles nuits de retrouvailles possibles. Illusions, de grosses illusions. Il fallait qu'elle sorte d'ici.

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James avait l’esprit tellement préoccupé par tous ces problèmes auxquels il devait soudainement faire face, qu’il ne prêta pas tout de suite attention au fait qu’Anniston s’était purement et simplement figée sur place. Elle n’avait pas bougé de là où elle était et ne faisait que répéter plus ou moins les informations qu’il lui donnait. James finit par laisser sa valise de côté pour s’approcher d’elle. « C’est ce que je dis oui. » Peut-être aurait-il vraiment mieux fait de lui passer un coup de fil pour l’avertir ce matin là. Mais vraiment, il n’avait pas eu une minute pour ça. Et d’ailleurs, il ne devait pas trop traîner, la route était longue jusqu’en Louisiane, il arriverait probablement au milieu de la nuit en partant d’ici une heure. Il s’était approché d’elle, avait glissé ses mains sur ses hanches, mais l’avait soudainement sentie se tendre. Et quelques secondes plus tard, elle le repoussait dans un éclat de colère qui le laissa pour le moins surpris. Sonné, comme s’il venait de se prendre un coup de poing sur une ring de boxe, il le fut encore plus quand elle lui asséna un nouveau coup sur un ton empli de reproches. « De quoi ? » Il avait bien compris de quoi elle parlait, ce qu’elle était en train de s’imaginer, mais il avait plutôt du mal à y croire. Bon sang, il pensait ça derrière eux, mais visiblement il avait été bien naïf. Elle fit volte face, non sans lui avoir craché de retourner avec elle. Elle, Hope, sa future ex-femme. C’était une blague ?

Il sentit la colère monter également en lui. Il tenta de se temporiser, il savait combien leurs disputes pouvaient être violentes, et il avait eu un aperçu de jusqu’où il était capable d’aller. Il n’avait pas envie de refranchir cette limite. Jamais. Et certainement pas avec Anniston. Mais il ne pouvait pas la laisser simplement partir avec ces idées stupides et surtout fausses en tête. En quelques enjambées il l’avait rattrapée et l’avait retenue par le poignet. « A quoi tu joues ? » siffla-t-il entre ses dents. « Tu crois quoi ? Tu me prends vraiment pour le pire des salauds ? T’as vraiment une si piètre opinion de moi ? » Il se plaça entre elle et la porte, la tenant toujours fermement par le poignet. « Il est hors de question que tu sortes d’ici avant qu’on s’explique tous les deux ! » Dans son regard brillait définitivement la colère, pourtant il n’avait pas haussé le ton. Il avait juste été sec. « Tu crois que je te mens, c’est ça ? » Il claqua la langue avec agacement avant de fixer à nouveau son regard sur elle. « Bon sang, si j’avais simplement voulu d’une maîtresse pour passer le temps, je me serai pas faire chier à venir jusqu’ici ! J'en aurai trouvé une autre sur place ! Tu imprimes ça ?! Et si je voulais être avec ma femme, je serai rentré bien plus tôt en Louisiane. » Il inspira un grand coup avant de relâcher finalement son poignet. « Tu sais quoi, tu veux y aller ? Vas-y. J’ai pas le temps de gérer ta crise de jalousie. Au cas où tu n’aurais pas percuté, mon père a failli mourir cette nuit. » D’un geste il lui désigna la porte d’entrée, et son regard plongé dans le sien, le soutint un long moment, avant de finalement laisser échapper un soupir et la planter là pour retourner dans sa chambre, terminer d’emballer ses affaires. Il n’arrivait pas à comprendre pourquoi elle avait aussi peu confiance en lui. Et surtout, si c’était le cas, ce qu’elle faisait encore avec lui. Une petite voix dans sa tête lui rappela qu’elle l’avait quitté une fois mais que lui n’avait pas voulu lâcher le morceau. Il soupira une nouvelle fois, avant de fermer rageusement la valise.

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Ses pieds ne la guidaient pas assez vite vers la porte de l'appartement. Anniston n'avait pas pris en compte la vivacité de son amant à combler la distance et à la possibilité qu'il puisse la rattraper. Bien sur qu'il pouvait la rattraper, ses jambes commençaient à l'abandonner. La porte semblait toujours aussi loin... Une force violente se fit sentir autour de son poignet droit. Elle leva immédiatement les yeux vers ce visage et ce regard noir plein de colère. La force qu'il exerçait sur son bras lui lança une douleur aiguë jusqu'à l'épaule. Sa respiration était saccadée, son coeur battait à tout rompre dans sa poitrine. Anniston ressentait tous les symptômes de l'adrénaline. Elle tenta de se débattre, secouant son bras mais James avait beaucoup trop d'emprise sur elle. Il lui demandait à quoi elle jouait. Le problème était qu'elle ne jouait pas. Anniston ne jouait plus. Elle en avait assez de tout cela, de se battre, de ne pas voir plus loin dans son avenir. Les mots sifflaient entre ses dents. La belle blonde n'aimait pas le ton qu'il prenait. Trop agressif. "Lâche-moi, James! Lâche-moi!" Son corps lui barrait le chemin jusqu'à la porte. De toute manière, elle n'était pas certaine de pouvoir y arriver intacte. Une boule s'était formée au creux de son ventre, et cette nouvelle douleur s'associait à celle de son bras. James lui interdisait de partir avant qu'ils n'aient réglé ça, avant qu'ils ne se soient expliqués. Expliquer quoi? Qu'ils n'étaient pas faits l'un pour l'autre? Qu'ils devaient arrêter de se voir et de se faire souffrir de la sorte? Il lui demandait si elle croyait qu'il mentait, elle détourna le regard. "Je sais plus ce que je pense de toi, tu comprends ça!" Sa voix s'élevait plus qu'elle ne l'aurait voulu. Anniston avait mal, elle voulait qu'il la lâche. Et en même temps si il relâchait son poignet, elle s'écroulerait comme un château de carte. Ses jambes tremblaient sous son poids, elle faiblissait de seconde en seconde. La blonde retrouva un élan pour le frapper à l'épaule quand il lui lança d'une violence à laquelle elle n'était nullement préparée que si il avait voulu une simple maitresse, il en aurait trouvé une et ne se serait pas taper tous ces kilomètres. Mais elle ne lui avait pas demandé de faire cette distance pour la retrouver. Sans même qu'elle s'en rende compte immédiatement, il avait soupiré et libéré son bras. Elle fit un pas en arrière, à l'intérieur de l'appartement. Sens opposé à celui qu'elle aurait du prendre. La jeune femme osa enfin reposer le regard sur lui. Les mensonges... Un fléau. Les mots de James la transpercèrent de part en part. Elle se sentait à la fois hors d'elle et en même temps minable. Comment ne pouvait-elle pas faire confiance en l'homme qu'elle aimait? Pourquoi ne pouvait-elle pas l'aimer aveuglement comme ces quatre dernières années? "Tu ne sais pas à quel point c'est difficile pour moi. Je ne sais rien de ta première vie. Je ne suis que la seconde. Qu'est-ce que j'en sais que tu ne me mens pas depuis le début! Ou que tu sélectionnes les détails que tu me donnes? Qu'est-ce que j'en sais!" Un goût amer lui montait à la gorge. Ses yeux brûlaient des larmes qui y naissaient. Elle recula encore. Se revoyant dans son appartement à la Nouvelle Orléans. La peur au ventre, la tristesse et le désespoir dans les yeux. "J'avais confiance en toi jusqu'à ce que tu repousses ce divorce pour la énième fois et que tu éclates une chaise contre mon mur." Ce jour lui revenait en tête. Elle revoyait cet homme qu'elle ne connaissait pas dans le corps de l'homme qu'elle aimait. Trop de pression. Elle était la maîtresse, l'autre femme. Il était marié et n'arrivait pas à divorcer. Il voulait être avec elle et se libérer de ses chaines... Il n'y avait rien de pire que de se sentir piégé. Anniston se laissa tomber dans le fauteuil, ses jambes venaient de l'abandonner. Elle avait détourné le regard. "Je ne veux pas de cette vie, où je me demande sans cesse où tu es, ce que tu fais, avec qui tu es. Je me le suis assez demandé pendant quatre ans." Parce que si Anniston ne l'avait jamais avoué, elle avait tellement espéré qu'il soit un jour rien qu'à elle, qu'il quitte pour elle... Et en même temps, James n'était pas tout le temps avec elle... et elle n'avait pas eu la possibilité de savoir ce qu'il faisait... ce qu'il disait... Elle ne savait rien de cette vie en dehors d'elle. "Tu n'imagines même pas à quel point c'est facile de mentir." Souffla-t-elle faiblement entre deux sanglots. Tellement simple de mentir oui. Elle en savait quelque chose non?

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Comme s’il n’avait pas assez de problèmes comme ça. Voilà qu’il devait gérer en plus une crise de jalousie sortie de nulle part. James avait rattrapé Anniston en quelques enjambées et la retenait désormais par le poignet. Il ne voulait pas lui faire mal mais la colère n’aidait pas vraiment à maîtriser sa force. Elle se débattit un peu, lui ordonnant de la lâcher mais il était plus fort qu’elle et ses efforts furent vains. Il ne voulait pas la lâcher sans lui avoir fait comprendre que cette scène était ridicule et combien elle pouvait le blesser de penser ça de lui. Quand elle répliqua qu’elle ne savait plus quoi penser de lui, il serra la mâchoire en encaissant. « Qu’est-ce que tu fais là alors, hein ? » A quoi bon après tout ? Si elle ne savait plus, pourquoi restait-elle ? Il était peut-être venu jusqu’ici pour la retrouver, mais elle était libre de ses mouvements, il ne la retenait pas prisonnière dans cette relation. Crument, il enchaîna les reproches et elle répondit avec un coup dans son épaule. Une pichenette comparée à l’impact qu’avaient eu ses mots quelques instants plus tôt. Anniston poursuivit, en arguant qu’elle ne pouvait pas savoir s’il disait ou non la vérité. Et ces doutes flagrants lui faisaient bien plus de mal qu’autre chose. Elle doutait de lui, elle doutait de sa sincérité. Et plutôt que de montrer combien ça l’affectait, c’est avec colère qu’il répondit. « Parce que je te le dis ! Ma parole devrait te suffire ! Mais visiblement je suis bien naïf de croire ça. » James lui faisait confiance, il ne se posait même pas la question de savoir si elle mentait ou non. Il considérait que non, parce qu’il l’aimait et qu’il pensait – peut-être naïvement – qu’elle ne lui mentirait jamais. Et il aurait aimé que l’inverse soit vraie aussi, ce qui n’était visiblement pas le cas. Pourtant, il était de bonne foi, il lui avait même proposé d’appeler son avocat pour qu’elle ait confirmation du divorce, mais c’était elle qui avait refusé. Quand elle répliqua qu’elle avait confiance en lui, jusqu’au moment de leur dernière dispute, il se détourna quelques instants pour reprendre son calme. « J’étais à bout, j’ai craqué et je m’en suis déjà excusé ! Tu comptes remettre cette histoire sur le tapis à chaque fois ?! » lança-t-il non sans une certaine hargne. Allait-il devoir s’excuser jusqu’à la fin de sa vie pour cet épisode malheureux ? Quand il se tourna à nouveau vers elle, Anniston s’était laissée tomber assise sur un fauteuil et, le regard tourné dans la direction opposée, comme si elle était incapable de poser les yeux sur lui. Quand elle reprit la parole, il laissa échapper un soupir fatigué. Il détestait se battre avec elle, mais encore plus il détestait la position dans laquelle elle le mettait. « C’est toi seule qui te mets dans cette position là. C’est toi qui te monte la tête sans raison. La situation n’est plus la même aujourd’hui, même si tu persistes à le croire. » Et il était déçu, en quelque sorte, qu’elle n’y croit pas. Qu’elle lui reproche encore et toujours la même chose. Et il était fatigué de se justifier. « Tu ne veux pas croire ce que je dis ? Parfait, pense ce que tu veux. La vie est trop courte pour que je passe mon temps à me justifier et je ne devrai même pas avoir à le faire. » Il n’avait pas menti, il était parfaitement honnête. Mais elle ne le croyait pas. Pourtant, il ne lui avait jamais donné la moindre raison de douter de sa sincérité. La jeune femme souffla finalement quelques dernières paroles qui attisèrent sa curiosité. Que voulait-elle dire par là ? Pourquoi disait-elle soudainement quelque chose comme ça. « Qu’est-ce que tu entends par là ? » Son ton s’était fait plus froid qu’il ne l’aurait voulu. Il avait comme un mauvais pressentiment. « Il y a quelque chose que je devrai savoir ? » Peut-être était-ce lui le dindon de la farce, en fin de compte.

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A vrai dire, Anniston ne savait pas ce qu'elle faisait là.  Là, comme "en ce lieu", comme "avec lui", si elle le savait. Elle l'aimait. C'était peut-être ça le problème après tout. Elle était folle de lui. Elle aimait sa voix, ses yeux, ses gestes, ses mains, son corps, son odeur, son rire. Elle aimait depuis trop longtemps un homme qui ne pouvait pas lui donner ce qu'elle attendait. Anniston avait été patiente pendant un temps, mais la patience avait laissé place à l'inquiétude. Si avant elle arrivait à se projeter dans le futur ça n'avait plus été le cas. Elle profitait des quelques instants qu'elle obtenait auprès de James et ça devait lui être suffisant. "Tais-toi, tais-toi..." Murmura-t-elle plusieurs fois. Elle aimait sa voix mais pas sa colère. Anniston avait pourtant provoqué cette colère, comme si elle voulait au fond le pousser à bout et lui faire abandonner le navire. Va-t-en, laisse-moi, tais-toi... Comme à chaque fois elle finirait par céder. Parce qu'elle l'aimait et que par définition elle lui faisait confiance. Mais pourquoi alors la belle blonde devait trouver un moyen de provoquer une dispute, une énième... celle qui pourrait être la dispute de trop? Pourquoi fonçait-elle droit dans le mur alors qu'elle pourrait être simplement heureuse. Heureuse avec lui. Ce n'était pas en lui qu'Anniston n'avait pas confiance c'était en Hope. Elle était l'épouse, celle à qui il avait dit oui, celle avec qui il a été pendant de longues années avant elle... Il était impossible d'effacer un tel passé. Et la chef cuisinière ne savait pas de quoi Hope était capable pour garder son mari... Ne ferait-elle pas la même chose pour garder le sien? C'était légitime et à la fois injuste... Injuste pour elle Anniston DeSautel. Sa mère le lui avait dit, elle n'aurait pas dû commencer à coucher avec un homme marié. Elle était la seule et unique responsable du fiasco de sa vie. "Quelle importance..." Lasse, pliée en deux, ses coudes sur ses genoux, son visage entre ses mains, ses doigts dans ses cheveux. Ce qu'elle voulait dire par là? Ca n'avait aucune importance. Juste que tout le monde sur cette planète est capable de mentir ; elle la première. La voix de James était froide et lui donnait des frissons. Anniston craignait ces disputes, l'un comme l'autre était imprévisible. James demanda alors si il y avait quelque chose dont il devrait être au courant. Oui, il y en avait une... Une chose à laquelle elle ne voulait plus penser, mais qui la titillait toujours parce qu'au fond n'en rêvait-elle pas de porter une moitié de lui et une moitié d'elle? Oh si... Elle en rêvait à chaque fois qu'elle s'abandonnait dans ses bras. Mais bientôt ca s'arrêterait peut-être... "Ca changera rien..." Ce moment où elle avait cru être enceinte, elle n'avait pas passé le cap du test avant de débarquer ici... C'était idiot et irresponsable. Mais elle avait eu du retard -beaucoup de retard- et elle avait eu peur de la vérité. Elle releva ses yeux rougis dans sa direction. Elle se sentait petite, faible... Ses jambes ne pouvaient plus la porter pour qu'elle aille se blottir contre lui et lui demandé pardon... "Tu veux vraiment savoir? Quand je suis partie, je pensais être enceinte. Mais je suis partie quand même... et je me suis retrouvée toute seule parce qu'il y avait pas de bébé. Heureusement en même temps. Regarde nous. On en aurait fait quoi hein?" Ca n'aurait rien changé si il y avait eu ce bébé, ça n'aurait été que plus de questions, plus de problèmes... Anniston prit une profonde respiration, détournant le regard, essuyant ses yeux et ses joues avec le revers de sa main. Reprendre un peu de contenance. "J'aurais dû te le dire... Mais parfois mentir ou omettre c'est tellement plus simple... mais ça n'apporte strictement rien." La belle n'avait rien gagné à lui cacher ce petit espoir vite passé, mais en le regardant elle réalisa que lui, n'était pas prêt à oublier ce qu'elle venait de lui annoncer.

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Pourquoi fallait-il qu’ils en arrivent là ? Pourquoi leur était-il soudainement si facile de se disputer ? Au début de leur relation, ils n’avaient pas ce genre de disputes, ils se chamaillaient certes, mais ils parlaient, ils ne perdaient pas leur sang froid. Mais à un moment donné, les choses avaient changé. James n’aurait su dire quand, toujours était-il que leurs disputes se faisaient toujours un peu plus violentes. La dernière en date avait d’ailleurs très mal finie. Il tentait de se calmer mais elle avait le don de le faire sortir de ses gongs. Elle doutait de lui, et c’était à la fois douloureux et agaçant. Quand elle souffla qu’il était facile de mentir, sa lassitude se mua en suspicion. Qu’est-ce qu’elle entendait par là ? Il l’interrogea, mais elle botta en touche, déclarant que ça n’avait pas d’importance, que ça ne changerait rien. Mais il se montra une nouvelle fois têtu, croisant les bras devant lui, son regard fixé sur elle. « Ah oui ? Laisse-moi en juger, tu veux ? » Anniston n’en menait pas large, et il détestait la voir dans cet état. Mais il avait besoin de réponse, alors il ne devait pas se laisser attendrir. Après un moment d’hésitation, elle répondit finalement, mais ce qu’elle lui apprit dépassait tout ce qu’il aurait pu imaginer. Enceinte. Elle s’était cru enceinte. Et elle n’avait rien dit. Elle était partie malgré tout. Sonné, il se laissa tomber dans un fauteuil. Anniston continuait à parler et lui tentait de digérer la nouvelle. Ce qu’ils en auraient fait ? Ils l’auraient aimé cet enfant. Ils se seraient débrouillés. « Pourquoi ? … Pourquoi t’as rien dit bon sang ! » souffla-t-il avant de se passer une main sur le visage. Son expression était grave quand il tourna à nouveau les yeux vers elle. « Et t’es partie comme ça, avec ce doute en tête ? » C’était ce qu’il avait le plus de mal à digérer. Elle était potentiellement enceinte, mais elle était partie quand même. La colère reprit finalement le dessus. « Qu’est-ce que tu aurais fait si ça s’était révélé vrai ? Hein, dis-moi. Tu aurais continué à me le cacher ? » continua-t-il avec une certaine hargne. Il avait l’impression qu’elle venait de lui planter un couteau dans le cœur. « Tu l’aurais eu toute seule ce bébé ? Ou tu t’en serais peut-être débarrassé ? D’ailleurs, qui me dit qu’il n’a pas justement existé ce bébé ? » C’était cruel, mais après ce qu’elle lui avait balancé juste avant, il ne s’en sentait même pas coupable. Rageusement, il se releva, fit quelques pas dans la pièce, comme un lion en cage. Il ne savait plus quoi penser, plus quoi dire. Il se sentait trahi, d’une certaine manière. S’arrêtant finalement, il se tourna à nouveau vers elle, la fixa en silence quelques secondes, avant que dans un mélange de colère et de rancœur, il ne reprenne. « Comment t’as pu me cacher un truc pareil ! T’oses remettre en cause ma sincérité alors que c’est toi… c’est toi qui me cache des choses. » Il était amer soudainement. Peut-être parce que c’était le quatrième bébé qu’il perdait, même si celui-ci n’avait visiblement même pas existé. « T’as raison sur ce point, mentir n’apporte rien. C’est d’ailleurs bien pour ça que je t’ai toujours dit la vérité, même si elle peut faire mal. » conclut-il d’un ton dangereusement calme. Elle ferait peut-être mieux de partir. Ce retour à La Nouvelle-Orléans tombait bien finalement, il aurait le temps de ruminer et repenser à tout ça, le temps de faire le point. Et elle aussi.

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En lui confiant le doute qu'elle avait eu des mois plus tôt, Anniston savait que James n'allait pas réagir de manière positif. Elle savait aussi qu'il ne lui pardonnerait pas facilement. Comment pourrait-il? Elle lui reprochait de lui mentir, de ne pas être honnête et elle, elle ne l'avait pas été non plus. Anniston aurait pu s'écrouler et se laisser engouffrer par les sentiments si elle n'avait pas été assise. La belle blonde ignorait totalement comment elle réussissait encore à tenir face à James. Partager entre son envie de fuir, de s'enfermer à nouveau dans sa bulle et de se jeter dans ses bras pour lui demander pardon, elle resta assise, les yeux baissés, honteuse. Honteuse, oui, de lui avoir menti. Mais en même temps... Cet enfant n'avait pas existé... Ca n'avait été qu'un doute passager. James s'était laissé tombé sur le fauteuil. Sonné probablement. Étrangement il ne semblait pas en colère... Mais elle devait être préparée au fait qu'une fois le choc passé, sa colère se dupliquerait. "Je ne sais pas..." Souffla-t-elle alors que James continuait à parler probablement n'ayant pas fait attention à ce murmure. Pourquoi avait-elle fait ça? Elle n'en savait rien. La peur, l'ignorance, tout un flot d'émotions envers lesquels elle n'était pas prête à faire face. Comme elle l'avait pensé, la voix de James se fit plus hargneuse, pleine de reproches et de colère. Oui elle était partie comme ça... Elle s'était dit qu'une solution lui apparaitrait comme par miracle. Mais il n'avait pas tort. Qu'aurait-elle fait si ça s'était révélé vrai? Lui aurait-elle dit? Serait-elle revenue à La Nouvelle-Orléans? Probablement pas... Mais elle ne pouvait pas le lui dire. Il la détesterait, il le lui reprocherait. Annie releva les yeux, choquée par les nouvelles  accusations de l'homme qu'elle aimait. "Arrête! J'aurais jamais pu faire ça, James." Il s'était levé pour faire les cents pas et elle avait réagi dès la première seconde en se levant aussi, retrouvant un semblant de force dans ses jambes pour se soulever. Non, elle n'aurait jamais pu se débarrasser de cet enfant, parce que ca aurait été le sien, celui de James... Ca aurait été la seule chose qui aurait maintenu ce lien qu'elle tentait de fuir. "Si tu avais su tu aurais fait quoi? Tu l'aurais quittée? Tu m'aurais suivi et divorcé? T'as jamais eu le courage de le faire, pourquoi ça aurait été différent, James!? Pourquoi?! Tu peux me le dire?! T'as une réponse à ça? Des dons de voyance de ce qui se serait passé?" Parce qu'il aurait beau lui dire que oui, il aurait tout quitté pour être avec elle et ce potentiel bébé, Anniston ne l'aurait pas cru. Quatre ans qu'elle espérait que James quitte sa femme, pourquoi l'aurait-il fait? Pourquoi à ce moment là... Puis pourquoi se battaient-ils à ce sujet... Il n'y avait pas d'enfant! Il n'y en avait jamais eu et il n'y en aurait probablement jamais, vu la tournure que prenait les évènements. "Tu dois me croire... j'en aurais voulu de cet enfant... C'était juste pas le bon moment j'imagine. C'est peut-être mieux comme ça aussi..." Confia-t-elle, lassée des dernières paroles de James. Elle se laissa retomber sur le fauteuil, plongeant sa tête dans ses mains, tremblante. "Je suis épuisée de me battre avec toi. Je suis épuisée d'avoir peur."

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James était atterré. Jamais, jamais il n’aurait imaginé qu’elle puisse lui cacher quelque chose d’aussi important. Imaginer qu’elle soit partie alors qu’elle pensait être enceinte le mettait en rage. Ca ne s’était pas révélé vrai, mais elle s’était éloignée de lui malgré tout. Il aurait très bien pu la retrouver enceinte, le ventre arrondi de cinq ou six mois de grossesse. Se rendait-elle seulement compte de combien ça aurait été douloureux ? Qu’il se sentait en quelque sorte trahi ? Des enfants, il en voulait. Certes, ils n’en avaient jamais parlé, et aux vues de leur situation c’était bien normal, mais son désir de devenir père un jour était bien là. Le choc laissa place à la colère et peut-être que ses mots dépassèrent un peu sa pensée. Elle réagit elle aussi violemment quand il l’accusa de mentir, qu’il ne pouvait savoir si elle n’avait pas avorté et inventé cette histoire. Et il la crut quand elle déclara qu’elle n’aurait jamais fait ça. Parce que son indignation semblait sincère. Quand Anniston lui demanda ce qu’il aurait fait s’il avait su, revenant encore et toujours sur le fait que pendant quatre ans, il avait laissé traîner les choses concernant son mariage, il sentit l’agacement monter une nouvelle fois en lui. « Je l’ai quittée !! » lança-t-il brusquement avant de se tourner vers elle. « Pour toi ! Parce que je ne veux pas te perdre ! » Il en avait assez de répéter la même chose depuis des semaines. Il était blessé qu’elle ne lui accorde pas plus de crédit. Elle disait l’aimer, mais elle ne lui faisait pas confiance. « Il faut que je te le dise combien de fois, et en quelle langue pour que tu cesses de douter, hein ? » Est-ce que ça allait être comme ça tout le temps ? Est-ce qu’ils ne cesseraient jamais de ressasser le passé ? Oui, pendant quatre ans il avait eu la faiblesse de se soucier un peu trop de l’équilibre fragile de sa femme. Mais c’était fini, il en avait assez de cette double vie, assez des mensonges. Il voulait juste vivre avec la femme qu’il aimait. Sauf que cette dernière semblait le blâmer encore et toujours.

Soudainement plus tremblante, Anniston se laissa à nouveau retomber dans le fauteuil, et James laissa échapper un soupir en se passant une main lasse sur le visage. Lui aussi en avait assez de se disputer avec elle. « Et moi je suis fatigué de me justifier. » répondit-il en écho, lui aussi à bout. Un nouveau soupir lui échappa et il s’approcha doucement pour s’agenouiller devant elle. Doucement, il chercha sa main qu’il serra dans la sienne, avant d’y déposer un baiser. Il releva les yeux vers elle, plongeant dans son regard. « Je t’aime Annie. Mais il va falloir qu’on travaille sur certaines choses toi et moi. » statua-t-il sombrement. « A commencer par la confiance. » Il avait toujours eu confiance en elle, mais ce mensonge venait de remettre ses certitudes en doute. Il avait besoin d’un peu de temps pour digérer ça. Et ce voyage forcé jusqu’à la Nouvelle Orléans tombait finalement à pique. Doucement il se releva, gardant sa main dans la sienne quelques instants encore. « Tu ferais mieux de rentrer chez toi. Je prendrai de toute manière la route dès que ma valise sera bouclée. » Il venait déjà de perdre trop de temps, et la route jusqu’à sa destination serait longue. Et il fallait le reconnaître, il avait besoin de s’éloigner après cette dispute. Peut-être qu’alors, il arriverait à faire le point et à se calmer pour de bon…