Yes I am your waitress. No that doesn't mean you can be an asshole to me.

Les soirées. L'alcool, les joints, les cigarettes et tout ce qui va avec. Des fois je me dis que ma vie serait beaucoup plus simple si je n'avais comme seul désire que celui de vivre une morne vie d'abstinence et de pieuse religion. Mais non, c'est pas mon genre ça. Moi je me la colle et j'en redemande. Plutôt deux fois qu'une même. Et vous voulez que je vous dise un petit secret ? Toute ces conneries là, sortir trois ou quatre soirs par semaine et se mettre la tête à l'envers, ben c'est pas donnée. C'est même relativement cher de vous à moi. Bien sûr si j'étais une petite bourge over friquée, si mon père par exemple était le maire de la ville comme Silas ou un truc dans ce goût là, ça serait pas vraiment un problème. Mais je suis pas la fille du maire. Non, moi je suis l'adorable fille de Jacob le fermier. Alors niveau argent qui coule à flot, c'est pas encore tout à fait ça. Hey, Qu'on soit d'accord, je ne suis pas entrain de dire que j'aurais voulu naître dans une autre famille – le maire est un vrai connard – je suis heureuse avec celle que j'ai. Je dis juste que l'argent ne tombe pas du ciel et qu'il faut bien trouver un moyen de s'en procurer à un moment ou un autre, ou alors il faut faire une croix sur son train de vie. Et comme mon train de vie est justement ce qui me fait tenir dans cette ville sans avoir envie de me tirer une balle entre les deux yeux... Ben disons que j'ai pas vraiment eu le choix. J'enchaîne les jobs depuis des années maintenant. J'ai dépanné un peu partout pour me faire du blé, vendeuse, serveuse, tondeuse de gazon, je suis même allée jusqu'à faire du baby-sitting ce qui en soit est assez extraordinaire quand on considère que tout le monde me connaît en ville et qu'il faudrait être sacrément taré pour me confier des enfants, mais passons. Bref techniquement j'ai un cv plutôt bien rempli si on regarde dans la catégorie femme à tout faire, mais je reste rarement très longtemps. Que voulez vous j'ai un caractère de merde. Une vrai petite peste. Sans oublier que les gens sont horriblement con ce qui a tendance à ne pas améliorer mon tempérament naturel. Alors ouais, je bosse deux jours par-ci par-là et puis je finis par allez voir ailleurs c'est toujours comme ça. Généralement je me barre avant que ça dégénère, quand je commence à sentir que j'en ai plein le cul, histoire de pas tout foutre en l'air et de garder les portes ouvertes pour la prochaine fois. En gros je suis Sam la dépanne, je bosse sur des contrats courts, quand on a besoin de renfort on m'appelle et j'accours. Et la dernière combine en date pour remplir mon porte monnaie ? C'est Reese qui m'a dégotée le job. Serveuse au Spring Good. Sa voisine, Anniston, est custo là bas, elle a laissé entendre qu'il cherchait quelqu'un en salle et voilà comment je me retrouve à apporter des plats et nettoyer des tables. Le boulot de mes rêves. J'aurais mieux fait de refuser et de me débrouiller pour être embauchée à la poste au trie du courrier loin de tout contact humain mais non... J'ai choisi l'option de facilité comme je le fais toujours pour tout ce qui ne m'intéresse pas. Je suppose que je ne peux donc m'en prendre qu'à moi même. Je jette un énième regarde à ma montre en poussant un soupir. Minuit passé et il y a toujours trois pauvres clampins qui s'attardent à leur table. Quelqu'un peut-il m'expliquer l'intérêt de bosser pour pouvoir financer ses soirées si on est coincé au travail alors qu'on devrait y être ? Je les entends rire à l'autre bout de la pièce, apparemment c'est grosse poilade et compagnie leur petite sauterie et c'est tant mieux pour eux mais moi j'ai surtout envie qu'ils se cassent. J'ai plus rien à faire, j'ai débarrassé toute les tables, ranger toute la vaisselle déjà lavée, nettoyer la salle, j'ai même préparé ce que je pouvais pour le service du déjeuné de demain. Ça commence à être dure d'envoyer des signaux plus claire pour les informer qu'on a tous envie de se barrer d'ici. Assisse sur le comptoir du bar à côté de Zachary, je laisse mes pieds battre dans le vide et mes doigts pianoter sur le bois. Ouais, j'ai jamais été très douée pour cacher mon impatience, ça dérange quelqu'un ? Je lâche un dernier soupire, saute à bas de mon perchoir, attrapant l'addition au niveau de la caisse enregistreuse et m'avance d'un pas vif vers la table des gros relous qui semblent s'être donné pour mission de gâcher ma soirée. Arrivé à leur hauteur, je lâche l'addition sur la table et me force à accrocher un sourire sur mes lèvres. « Excusez moi, mais nous n'allons pas tarder à fermer. Je vous ai apporté l'addition. » penserez vous qu'ils m'écouteraient ? Qu'ils m'accorderaient ne serait-ce qu'un vague hochement de tête pour me faire signe qu'ils ont entendu, si ce n'est compris, ma requête ? Que nenni mes amis ! J'ai juste le droit à un vent magistrale. A ce niveau là c'est carrément une tempête que je me prends dans la gueule. Parce que c'est bien connue, ignorer les serveuses c'est la base des bonnes manières. En tout cas dans leur tête ça semble l'être puisqu'ils continuent de parler et de rire, de raconte la fois où machin à fait cela et du truc bidule à fait ceci, parce que moi je ne suis apparemment qu'une plante en pot qu'on a posé à côté d'eux et que je suis fascinée par les souvenirs de leur pathétique petites existences. Mon pied commence à taper nerveusement sur le sol, je croise les bras sur ma poitrine et me racle la gorge le moins discrètement du monde. Ouais, c'est bon la politesse avec moi ça va bien cinq secondes après on passe à autre chose. J'aurais peut-être fait un effort s'ils s'étaient révélé être des clients exemplaire pendant le reste du repas, mais on peut pas vraiment dire que ça ai été le cas. Non parce que voyez vous Jean-Claude voulait finalement sa viande à point et non bleu, que Nicolas voulais le plat du jour mais sans les navets, les petits pois et le fromage et que Raymond avait réussi à trouver trois bouteille bouchonnée ce qui n'était clairement que la vue de son imagination puisque je m'étais faite un plaisir de les goûter après les avoir ramener au bar. Ces mecs sont des emmerdeurs de première, des casse-couilles en puissance, et j'ai une tolérance limité à la connerie. Mon deuxième raclement de gorge fini par attirer leur attention et tous tourne enfin vers moi leur tête de profond ennui. En serrant les dents je leur offre un nouveau sourire peut-être légèrement moins aimable que la première fois. « Je disais que nous n'allions pas tarder à fermer. » d'un mouvement de tête, sans décroiser les bras, je leur fais signe de regarder la table. « l'addition. » Ils se jettent entre eux des regards surpris, limite choqué, comme si mon attitude était le pire des sacrilège. Grand dieu, j'ose interrompre leur repas ! Mais même pas ! Ils ont fini de bouffer depuis trois plombes ces connards ! Il y a plus rien sur leur table, j'ai enlevé toutes les assiettes il y a au moins une heure, il ne reste que leur verre complètement vide et ils n'ont pas demandé qu'on les reserve donc c'est bon maintenant, on lève son cul de sa chaise, on prend son manteau et on se casse ! Jean-Claude ou Pierre-Henri ou que sais-je encore, affiche un air de profond mépris avant de s'adresser en ricanant à ses comparse. « Et bien on retiendra au moins la politesse des serveuse d'Alabama. » Ok, c'est bon, je vais lui faire bouffer son rond de serviette ! J'ouvre la bouche prête à leur rétorquer que les serveuses de l'Alabama les emmerdent bien fortement quand Anniston surgie à nos côtés, les saluts et m'attrape le bras. "Toi, viens avoir moi."  Je le suis donc en poussant un nouveau soupir et en levant les yeux au ciel. Bizarrement j'ai l'impression que je ne vais pas avoir le droit à des compliments pour mon excellent travaille ce soir. Une fois un peu à l'écart elle fini par me lâcher et mes bras viennent reprendre leur place sur ma poitrine. Je n'aime pas les remontrance. "Sam, je sais qu'il est tard et que ces clients ne sont pas très agréables, mais ce n'est pas une raison pour t'exciter sur eux, à moins que tu n'aies pas envie d'avoir de pourboire. Je te rappelle un peu que ta boite est presque vide ou pas?"  Je suis pourtant un ange de délicatesse, allez comprendre... Au fond de moi je sais bien qu'elle a raison, que je devrais faire un effort, prendre sur moi et essayer de tirer un peu moins la gueule. Mais en 23 ans d'existence j'ai jamais fait d'effort, j'ui pas programmé pour, je vois pas trop pourquoi je devrais commencer maintenant. Je serais aimable quand les clients seront aimable, point. Et en attendant je me contenterais du salaire de misère que l'on me paye. « Honnêtement, je veux bien me passer de pourboire, si on me laisse leur faire bouffer la table ! Ça fait quatre heures qu'ils sont là à se croire dans leur salon et qu'ils semblent avoir oublié que j'étais pas leur esclave mais leur serveuse ! Sérieusement regardes les, ils en ont rien à foutre de savoir qu'on a une vie après le travail ! » Oui parce que ces charmants messieurs ont repris leur conversation comme si de rien n'était à peine notre départ.