Le grand jour était arrivé. Elle était enfin libre. C'est ce qu'elle pensait du moins. Les premiers pas de Blythe à l'université. Elle attendait ce jour depuis un long moment. On ne lui dirait plus ce qu'elle devait faire. Non, elle n'allait pas faire de grandes études de médecine, de droit ou d'économie, contrairement à ce que sa famille espérait. Elle avait déjà un frère à Harvard qui étudiait la médecine. Ce n'était pas suffisant pour eux. Alors oui, la déception était sans doute grande pour sa famille, lorsqu'elle leur avait annoncé qu'elle n'avait pas postulé pour une grande université, mais cela lui passait complètement au-dessus de la tête. Elle était là, devant la porte de sa chambre universitaire. Une toute nouvelle vie s'offrait à la brune. C'est avec un large sourire qu'elle ouvrit la porte. Un large sourire qui  avait disparu rapidement. Elle s'était arrêtée après quelques pas, lâchant son sac qui atterrit bruyamment sur le sol. Elle se trouvait en face d'un homme - qui était sans doute un peu plus âgé qu'elle - et qui était simplement vêtu d'une serviette. C'était sans doute la dernière chose qu'elle imaginait voir en entrant dans sa chambre. Vraiment la dernière chose. Elle resta figer durant de longues secondes, encore sous le choc. Elle s'en souviendrait de son premier jour à l'université pendant un bon moment. Blythe secoua légèrement la tête, se rendant compte qu'elle avait sans doute l'air stupide à le regarder ainsi. « Désolé .. Je ... Hum ... Je crois que c'est ma chambre. Enfin je crois. C'est bien la chambre 116 ? Je ne me suis pas trompée de chambre ? Vu le temps que j'ai passé devant cette porte, je serais vraiment stupide de m'être trompée. » Elle fouilla rapidement dans son sac pour en sortir un papier. Chambre 116. C'était bien ça qu'il y avait inscrit sur la feuille. Elle regarda rapidement le numéro sur la porte. 116.  Tout correspondait. Alors pourquoi, il y avait un mec à moitié nu dans sa chambre ? C'était du bizutage, c'est ça. Elle ne voyait que ça comme solution. Un rire vint perturber les pensées de la jeune femme. « Premier jour ? » Elle se retourna avec un léger sourire. « Ça se voit tant que ça. » dit-elle avec un léger rire et continuant toujours de détourner le regard. « Je .... hum .... Je vais passer à l'administration pour voir s'il n'y aurait pas un pro ... » Elle n'avait pas eu le temps de terminer sa phrase que le papier qu'elle tenait, disparu bien rapidement. « Il y a pas de problème. On est dans le bâtiment C. Tu as bien la chambre 116, mais dans le bâtiment E. » Un sourire crispé se dessina sur le visage. Elle se sentait stupide. Pas de bizutage. Pas d'erreur de la part d'administration. Juste Blythe qui s'était trompée de bâtiment. « Merci. Maintenant je ne me sens absolument pas idiote. » dit-elle avec un petit rire avant de prendre son sac et de partir de la chambre et de partir rapidement. Premier jour à l'université. Première rencontre. La jeune femme aurait au moins des choses à raconter. Après de longues dizaines de minutes de recherche, elle avait enfin trouvé sa chambre. Sa bonne chambre. Où il n'y avait pas d'homme en serviette. Elle pouvait enfin s'installer tranquillement. C'est ce qu'elle pensait du moins. Il commençait à se faire tard - il ne restait plus que quelques affaires à ranger, mais elle le ferait plus tard - et on venait de frapper à la porte. Peut-être un de ses voisins qui voulait - déjà - lui emprunter quelque chose. Elle avait ouvert la porte. Et ce n'était pas un de ses voisins. Le type de tout à l'heure se trouvait en face d'elle. Et cette fois-ci, il était habillé. Elle était sur le point de lui demander comment elle savait qu'elle se trouvait ici, mais cela aurait été stupide, puisque c'était lui qui le lui avait indiqué. « Blythe Parker. » D'accord comment pouvait-il connaître son prénom. Elle ne lui avait rien dit. Et la question pouvait se voir sur son visage, puisqu'il lui avait montré le papier pour sa chambre universitaire. Elle avait oublié de le reprendre en partant. « L'anglais à la serviette. » dit-elle avec un léger sourire. Et ce fut au tour du jeune homme d'avoir l'air surpris. « Ton accent que tu essayes de cacher pour je ne sais quelle raison. » dit-elle avec un léger sourire. « Eliott. » dit-il avec un grand sourire. « Hum ... Non je préfère l'anglais à la serviette. » fit-elle avec un petit rire. Lui aussi s'était mis à rire. « Et bien, Eliott. Merci de m'avoir rapporté ce papier. En récompense, je t'invite à boire quelque chose dans mon humble demeure. » Blythe le laissa passer pour entrer dans sa chambre avec un sourire en coin. Elle n'avait jamais imaginé passer un premier jour à l'université comme ça.
***
Une journée de terminer. Et Blythe était plus qu'heureuse de rentrer chez elle et de passer la fin de journée dans les bras d'Eliott. Elle aimait ses études, mais elle avait vraiment hâte d'en terminer. Une journée pleine de stress qu'elle avait hâte d'oublier lorsqu'elle rentrerait chez elle. Peut-être qu'elle n'aurait pas dû. En rentrant, l'appartement était calme. Beaucoup plus calme. D'habitude, il y avait toujours un bruit de fond. La télé qu'Eliott avait laissé allumé. Ou alors la radio. Mais là, rien. « Eliott ? » Il devait être rentrée. La porte de l'appartement n'était pas ferme à clé, cela voulait dire qu'il était là. Ou alors il avait oublié de fermer derrière-lui. Cela n'aurait pas été la première fois. Pas de réponse. Et pourtant elle entendait du bruit. Venant de la chambre. Cela commençait à inquiéter la jeune femme. Peut-être que quelqu'un était rentré par effraction. La brune était encore dans le couloir de l'entrée, elle s'était emparée d'un parapluie, s'approchant doucement de la chambre. Il y avait encore du bruit. Comme si on fouillait dans les placards. Elle tenait fort le parapluie, poussant doucement la porte de la chambre, prête à faire quelque chose. Elle ne savait pas quoi encore, mais elle allait faire quelque chose. Enfin, elle n'allait pas faire grande chose, puisqu'il s'agissait d'Eliott. Elle laissa tomber le parapluie sur le sol. « J'ai eu une peur bleue Eliott ! Je t'ai appelé, mais t'as pas répondu. J'ai cru qu'il y avait un cambrioleur dans l'appartement. Je lui aurais bien fait peur avec mon parapluie. » dit-elle avec un petit rire. Un rire qui s'en alla rapidement lorsqu'elle regarda et compris ce que faisait son petit-ami. « Tu pars en voyage ? Tu ne m'as rien à propos de ça ? Tu pars pour longtemps ? » lui demanda-t-elle avec un rire nerveux. A la vue de sa valise, elle savait que ça serait pour longtemps. Pour très longtemps même.Elle savait très bien ce que cela voulait dire, mais elle ne voulait pas se l'avouer. Non, elle ne voulait pas se l'imaginer. Elle regardait Eliott toujours avec un léger sourire. Lui, ne souriait pas. Au contraire, il avait soupiré. Le sourire de la jeune femme avait disparu. « Pourquoi ? Pourquoi tu fais tout le temps ça. Disparaître sans arrêt et revenir comme si rien ne s'était passé. » dit-elle avec un soupir, alors qu'Eliott était en train de fermer la valise. « J'en peux plus Blythe. J'en ai marre de cette vie. Depuis qu'on a emménagé ici, j'ai l'impression d'étouffer. Je n'arrive même plus à écrire quoi que ce soit. » Blythe se mordait l'intérieur de la joue. Entendre tout ça lui faisait mal. Pourquoi est-ce qu'il lui disait ça seulement maintenant. Pourquoi. « Donc c'est à cause de moi c'est ça. C'est moi qui t'empêche de vivre ta vie comme tu le souhaites. C'est vrai que c'est moi qui t'es forcé à venir ici. » Elle était plus froide. Elle ne l'avait pas forcé. C'était lui qui avait eu l'idée d'emménager ensemble. Et maintenant il lui disait qu'il n'en pouvait plus. Blythe était complètement perdue sur le raisonnement de son petit-ami. Il s'était approché d'elle, tenant le sac qu'il avait préparé rapidement dans la main avant de déposer pour une dernière fois un baiser sur le front de la jeune femme.La brune lui pris le bras et le regarda avec des larmes aux coins des yeux. « Ne part pas s'il te plaît. Ne ne me laisse pas. » Sa voix s'était brisée et les larmes avaient commencé à couler le long de ses joues. Il n'avait rien répondu. Il s'était juste écarté et était parti. Elle entendit la porte se fermer. « Je suis enceinte. » dit-elle d'une voix faible. Mais il était déjà parti depuis longtemps. Il l'avait laissé seule. Pas de grosse disputes. Pas d'élévation de voix. Non, juste une excuse qui ne convenait pas à la jeune femme.***
Arriver en retard. C'était quelque chose qui n'était jamais arrivée à Blythe, que ça soit pour un rendez-vous, pour les cours ou encore à son travail. Elle pouvait arriver tout juste à l'heure, oui. Mais arriver en retard, non. Et il fallait qu'elle oublie de mettre son réveil. Quelle idiote, elle faisait. Elle s'était dépêchée pour ne pas être en retard. Mais à croire que l'univers était contre elle. Oui, parce que sur son chemin, il y avait eu un accident. Un accident qui causait un boucher dans une petite ville comme Spring Garden. Cela allait faire la une de journal à coup sûr. Elle avait appelé plusieurs fois la station de radio pour les prévenir qu'elle allait bientôt arriver. Ou du moins avant la fin de l'émission. Peut-être pour la dernière heure si elle avait de la chance. Et apparemment, elle en avait un peu. Elle s'était mise à courir dans le bâtiment pour arriver au studio. Mauvaise idée, puisqu'elle avait bousculé quelqu'un dans le couloir. « Oh désolé, je ne regardais pas devant moi. Je suis vraiment ... » Elle s'était arrêtée de parler. Elle avait leva la tête pour regarder cette pauvre personne qu'elle avait malencontreusement bousculé. Et son cerveau s'était éteint durant quelques instants. Eliott. Qu'est-ce qu'il faisait ici. Oui, elle était surprise. Et cela pouvait se voir sur son visage. Tout comme sur celui d'Eliott. « Ah Blythe, te voilà enfin ! Tu arrives juste à temps pour l'interview avec notre invité. » Sa collègue avait lancé un grand sourire en direction d'Eliott. Invité. Interview ? Elle savait qu'elle avait oublié quelque chose. Maintenant elle savait quoi. On lui avait dit qu'elle allait devoir interviewé un auteur d'un livre à 'succès'. Mais elle ne pensait pas que ça serait Eliott. Loin de là. Elle s'était mise à rire nerveusement. Elle n'allait pas survivre à ce moment. Ils étaient tous les deux entrées dans le studio. Blythe s'était installée en évitant soigneusement le regard du jeune homme. Trois qu'elle ne l'avait pas vu. Trois années qu'il était parti et le voilà ici, dans ce studio de radio. Ce n'était pas son jour de chance. La jeune femme se redressa, eut un léger sourire. C'est parti pour l'interview et faite que cela se passe rapidement. Plus que quelques secondes. Elle avait laissé faire l'introduction de l'émission à sa collègue. Elle espérait qu'elle fasse l'interview. Mais non. Génial. Elle se sentait comme prise au piège. « Nous avons la joie d'accueillir le célèbre écrivain Eliott Peverell dans notre charmante petite ville. Bienvenue à Spring Garden. » dit-elle avec un petit rire. Ou elle aurait dû dire re-bienvenue. Elle avait un léger sourire sur son visage. Un sourire qu'elle se forçait à avoir. « Votre livre a connu un petit succès. Cela devait être une grande surprise non ? » Petit succès. Le mot était faible. Tout le monde connaissait son livre. Elle l'avait acheté, par curiosité. Il s'était mis à rire. Son rire. Il lui avait manqué. Elle se mordait le coin de sa lèvre inférieure. Il fallait qu'elle se ressaisisse. « Oui, c'était étonnant. Je ne m'attendais pas à ce genre d'accueil. Cela devait être un livre 'intimiste'. Je pense que j'ai loupé mon coup. » A nouveau, il s'était mis à rire. Blythe sentait son coeur de battre de plus en plus vite. Il fallait qu'elle se concentre à nouveau. « C'est vrai qu'il n'est plus vraiment intimiste. Est-ce qu'une suite est prévue ? Ou d'autres projets ? » Cela pouvait ressembler à une question personnelle. Oui, ce livre qu'il avait écrit, il y avait certaines ressemblances avec l'histoire qu'ils avaient eut. Ce n'était peut-être que le fruit de son imagination, après tout. Elle le regardait. Il avait un sourire un coin. « J'aimerais beaucoup écrire une suite oui. Mais en ce moment, je suis occupé par un autre projet. Un projet qui me ferait sûrement rester plutôt longtemps en ville. » Il avait toujours ce sourire et il s'était agrandi lorsqu'il vit la jeune femme rougir un peu plus. « Des projets en ville ? On peut en savoir un peu plus ? » Blythe était devenue légèrement charmeuse, sans se rendre compte. « Malheureusement, je ne peux rien dire de très précis pour le moment. Tout ce que je peux dire, c'est qu'en entendant que le projet aboutisse, je compte m'installer en ville et que le lycée de la ville risque de m'accueillir. » dit-il avec un grand sourire. « Ce sont les lycéennes qui risquent d'être heureuse. » Une remarque de sa collègue qui l'avait légèrement fait rire, qui les avait fait rire. « Et je ne peux que les comprendre. » dit-elle avec un large sourire. « Malheureusement pour nous, cette interview doit se terminer là. Merci d'être venue et surtout d'avoir répondu à ces questions. En espérant en savoir plus sur ce fameux projet. » Elle lança un dernier sourire à Eliott. Un sourire sincère. Ce n'était pas le sourire forcé qu'elle avait au début. Eliott était de retour en ville. Elle l'avait oublié. Elle était passée à autre chose. C'était ce qu'elle pensait. Mais après ce petit moment, elle s'était rendue compte qu'elle était encore sous le charme d'Eliott.
***
« Félicitation mademoiselle Parker, vous êtes enceinte de trois mois. » La brune regarda son médecin et eu un petit rire nerveux. Enceinte ? Non, ce n'était pas possible. C'était une erreur. Elle avait fait attention. Très attention. Ces mots, ils résonnaient sans cesse dans sa tête. Pour la jeune femme, ce n'était qu'une erreur. Elle n'avait aucun symptôme. Une erreur dans les résultats de la prise de sang. Elle ne pouvait pas être enceinte. Oui, elle avait succombé plusieurs fois au charme d'Eliott. Mais ce n'était qu'une histoire passagère. Ils n'étaient pas réellement ensemble. Alors attendre un enfant de lui. Non, c'était inimaginable pour elle. Durant tous le trajet, elle trouvait des arguments pour tout nier en bloc. Elle était rentrée chez elle. L'appartement n'était pas à fermé à clé. Eliott était de retour. Il n'arrêtait pas de faire de faire des aller-retour pour la préparation de son film. C'est sans doute l'une des raisons qui les poussait à de ne pas se remettre ensemble. Elle était à peine entrée dans l'appartement qu'Eliott était venue vers elle et l'avait embrassé passionnément, chose qu'il ne faisait rarement. « Épouse moi. » Blythe ne put s'empêcher de rire. Son comportement était tout sauf normal. « Tu m'as manqué aussi après cette semaine d'absence, mais là c'est ….Peut-être un peu trop. » dit-elle avec un petit rire.  Elle était partie en direction du salon pour poser ses affaires, mais il l'avait attrapé le bras et l'avait tiré vers lui. « Je suis sérieux, Blythe. Marions-nous. Le plus rapidement possible. » Il agissait bizarrement. Elle le savait. Elle le sentait. « Qu'est-ce qui se passe ? Tu es bizarre. Tu as des problèmes ? » Elle était anxieuse. Eliott avait une drôle d'expression sur son visage. Il avait soupiré, baissant le regard durant quelques instants. « Je risque de me faire expulser. Mon visa arrive à terme... » Il lui avait lâché son bras. Il allait partir. Il allait retourner en Angleterre. Elle ne voulait pas ça. Non, elle venait de le retrouver. Elle ne voulait pas le perdre. « D'accord. Marions-nous. » dit-elle avec un léger sourire. Ce n'était pas le genre de demande de mariage qu'elle avait imaginé. Peut-être qu'elle aurait dû mieux réfléchir et ne pas répondre sur le coup de l'émotion. Peut-être qu'elle allait le regretter. Mais elle s'en fichait.